Les changements climatiques et leur impact sur l’agriculture
À l’occasion d’un sondage mené dans le secteur agricole canadien, 84 % des répondants affirment que la variabilité du climat a eu un impact sur leurs activités. Parmi les facteurs climatiques qui affectent les activités agricoles, la météo extrême et imprévisible est le plus cité.
Source : Ag Working Group – Outreach Survey Results
Les aléas climatiques ayant un impact sur le secteur agricole sont nombreux, notamment :
- Les sécheresses et le manque d’approvisionnement en eau qui en découle, pouvant causer beaucoup de dégâts à l’agriculture, en particulier sur la production, les rendements de cultures et les récoltes. Il y a 10 ans, elles ont provoqué une baisse de près de 6 milliards de dollars du PIB canadien [1].
- Les pluies précoces ou tardives pouvant rendre la terre trop humide pour soutenir les machines agricoles et entraver les phases importantes d’ensemencement ou de récolte, ainsi que la maturation de nombreuses cultures [2].
L’importance des données pour comprendre et réduire l’impact des changements climatiques
Les portails de données telles que Donneesclimatiques.ca fournissent des informations sur l’évolution d’importants indices climatiques. Les principales raisons qui motivent les agriculteurs à consulter les sites de données climatiques sont :
- Planifier la sélection des cultures et des sites, les investissements, en fonction des changements dans les saisons de culture
- Déployer les pratiques de gestion bénéfiques (PGB) pour réduire les risques environnementaux, c’est-à-dire la pulvérisation, l’émergence des insectes, la gestion des eaux, l’analyse de l’impact économique.
Source : Ag Working Group – Outreach Survey Results
Donneeclimatiques.ca met à la disposition des professionnels agricoles des indicateurs qui les aident à évaluer la criticité de futures situations et à prendre les meilleures décisions. Il rend notamment disponible les températures minimales et maximales, la quantité de précipitations ainsi que tout indicateur climatique basé sur l’une de ces trois variables. Par exemple, le portail est utile pour évaluer les changements du niveau d’humidité, le nombre maximal de précipitations par jour et les jours pluvieux dépassant certains seuils fixes (1 mm, 10 mm, and 20 mm).
Exemple 1 : La sécheresse
La sécheresse représente un enjeu important pour les agriculteurs. Certaines régions du Canada sont davantage affectées par des périodes prolongées de sécheresse. Ces événements extrêmes entraînent d’importantes pertes de récoltes et perturbent la durabilité des exploitations agricoles [3].
Donneesclimatiques.ca utilise l’indice normalisé d’évapotranspiration des précipitations, le SPEI [4], pour évaluer les risques de sécheresses futures. Selon la figure 1, l’horizon 2041-70 indique des valeurs négatives (codées en brun) et donc un déficit d’eau. Une augmentation des sécheresses est attendue dans tout le Sud du pays, particulièrement dans les Prairies.
Figure 1 : Schéma spatial de futures SPEI pour une année agricole (septembre à août), RCP8.5, médiane de 29 modèles climatiques. A gauche horizon 1971-2000; à droite horizon 2041-70.
Face à l’augmentation future de la durée et du nombre des sécheresses, les agriculteurs seront appelés à adopter des stratégies d’adaptation dont une meilleure surveillance en utilisant le SPEI (figure 1).
Exemple 2 : La saison de croissance des cultures
Parmi les facteurs associés aux changements climatiques qui affectent les cultures fourragères, on note entre autres les températures plus élevées, la hausse du CO2, la baisse de disponibilité en eau et les phénomènes météorologiques extrêmes.
Il existe un autre facteur qui détermine la forme que prendra l’agriculture dans une région donnée : la saison de croissance (Bradshaw et al., 2004). La saison de croissance des cultures est la durée dont disposent les végétaux pour croître au cours d’une année donnée [5]. Celle-ci a fortement augmenté (environ deux jours par décennie) de 1950 à 2010 et risque de continuer de croître de façon constante avec le changement climatique (voir figure 2).
Figure 2 : L’évolution de la durée de la saison de croissance à Killarney, Manitoba.
Plus la saison de croissance est longue, plus le potentiel de rendement des cultures peut augmenter. Cependant, si l’on observe une baisse des précipitations, celle-ci peut annuler le potentiel d’une saison de croissance plus longue. Même si l’on observe une hausse des précipitations durant la saison de croissance, des températures plus élevées peuvent entraîner une évapotranspiration [6] importante et mener à des conditions de sécheresse.
À l’instar des sécheresses, il serait utile pour les agriculteurs de maintenir une vigie sur les saisons de croissance dans le futur à l’aide de Donneesclimatiques.ca.
Les retombées de Donneesclimatiques.ca
Les agriculteurs doivent tout le temps s’adapter [7].
Avec les projections climatiques disponibles sur Donneesclimatiques.ca, les agriculteurs et autres décideurs du monde agricole seront mieux outillés pour définir des stratégies d’adaptation.
Voici quelques exemples de stratégies :
- La sélection classique des végétaux et la biotechnologie offrent de nouvelles variétés botaniques plus tolérantes à la sécheresse ou aux milieux salins. Dans le même ordre d’idée, les cultivateurs développent de nouvelles variétés de semences produisant un bon rendement avec peu d’intrants (engrais, pesticides).
- La diversification des cultures fourragères (luzerne, fléole des prés) assure une pérennité de plantes à l’année, même en temps froid et sec.
- Les agriculteurs optent également pour une diversité d’espèces au lieu de se concentrer sur les monocultures, le tout pour assurer une meilleure survie. En effet, toutes les espèces ne sont pas affectées de la même façon par les sécheresses ou les ravageurs.
- Enfin, ils peuvent décider d’augmenter leur stock de fourrage durant les bonnes années pour compenser pour les pénuries durant les années difficiles.
En résumé, Donneesclimatiques.ca est un outil convivial et simple d’utilisation qui offre un coup d’œil sur le futur, permettant de générer des projections climatiques jusqu’à l’année 2100.
En anticipant plus précisément les impacts futurs des changements climatiques, les intervenants agricoles seront à même de prendre les meilleures décisions afin de diminuer les risques pour leur culture et leur terre.
[1] https://bit.ly/3gSIZFq
[2] https://atlasclimatique.ca/agriculture
[3] https://www.noscommunes.ca/Content/Committee/421/AGRI/Reports/RP9814809/agrirp11/agrirp11-f.pdf
[4] Le SPEI indique la quantité d’humidité en combinant les changements projetés de température et l‘évapotranspiration.
[5] https://www.rncan.gc.ca/changements-climatiques/impacts-adaptation/changements-climatiques/indicateurs-des-changements-fore/saison-croissance/18471
[6] Transferts vers l’atmosphère de l’eau du sol.
[7] https://www.noscommunes.ca/Content/Committee/421/AGRI/Reports/RP9814809/agrirp11/agrirp11-f.pdf