Au cours des dernières semaines, nous vous avons présenté l’impact des changements climatiques sur trois secteurs – la santé, l’agriculture et le bâtiment – et avons démontré l’utilité de la portail Donneesclimatiques.ca.
Pour cette 4e et dernière capsule, notre regard porte sur le secteur du transport. Le transport pèse lourd dans la balance climatique. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le secteur du transport ont crû de 27 % entre 2000 et 2018 (graphique 1). De plus, l’augmentation des émissions est accentuée par le nombre croissant de véhicules utilitaires légers (voitures, camionnettes, camions légers) qui émettent une plus grande quantité de GES.
Or le transport sera aussi affecté par les changements en cours. Quel sera l’impact des changements climatiques sur le transport, et comment les données climatiques peuvent-elles nous aider à mieux nous préparer?
Graphique 1. Émission des GES par type de transport (en mégatonnes) [1]
Tous types de transport affectés
Terrestre, ferroviaire, maritime ou aérien : tous les types de transport subiront les conséquences des changements climatiques.
Les chaleurs extrêmes, de plus en plus fréquentes, peuvent entraîner :
- Un tassement (formation de fissure et autres anomalies affectant le trafic routier), ou un saignement (mouvement vers le haut causant une couche brillante et noire et un risque d’aquaplanage) de la chaussée;
- Une déformation des chemins de fer qui dérouterait le train ou des étincelles qui déclencheraient des feux de forêt comme ce fut le cas dans l’Ouest canadien;
- Une diminution de la densité d’air et de la poussée de l’avion, conduisant à des restrictions de charges (passagers, marchandises);
- Des dommages aux ports et aux infrastructures côtières, avec le niveau de la mer qui s’élève et les ondes de tempête qui accentuent l’érosion.
Les précipitations plus élevées affectent, elles aussi, le transport routier, notamment les autoroutes. En Colombie-Britannique, les pluies abondantes causent de l’érosion en se déversant sur des routes qui n’ont pas été conçues pour absorber une telle quantité d’eau.
Crédit image : Reporterre, Le quotidien de l’écologie
Les ondes de tempête (storm surge) et les inondations à marée haute ont un effet sur le transport maritime, entraînant des changements progressifs du paysage dus à l’érosion et à la montée du niveau de la mer (Council of Canadian Academies, 2019). Quant aux aléas climatiques au sol, comme les inondations fréquentes, ceux-ci enfreignent l’accès au port et le transport des personnes et marchandises (Lemmen et al., 2016).
Dans le Nord du Québec, la dégradation du pergélisol (sol gelé en permanence) et le tassement du sol qui en résulte, les modifications du couvert de glace de même que les changements du régime de tempêtes affectent également les infrastructures de transport (Ouranos, 2015 [2]).
Plus ces événements se produisent et s’intensifient, plus les dommages deviennent coûteux, jusqu’à rendre certaines infrastructures inutilisables (Ford et al., 2018). Qui plus est, « les 18 ports principaux du Canada, qui traitent plus de 400 milliards de dollars de marchandises annuellement, sont exposés aux risques créés par la hausse du niveau de la mer et par les événements météorologiques extrêmes » (ACPA, 2016; Lemmen et al., 2016).
Explorez la section Transport de Donneesclimatiques.ca (en anglais)
Le tableau ci-contre énumère d’autres événements climatiques qui ne feront que s’amplifier dans les prochaines années, selon les projections de Donneesclimatiques.ca.
Table 1. Dangers climatiques et impacts pour les infrastructures bâties du Canada
Source : Rapport Renforcer la résilience climatique des infrastructures canadiennes, International Institute for Sustainable Development, 2021.
Un vent de changement
Face à cette nouvelle réalité, certaines provinces canadiennes ont pris les devants : Au Ministère du transport de la Colombie-Britannique, on s’attend à ce que les ingénieurs prennent en considération les projections climatiques dans leur conception d’autoroutes. Ces derniers appuient leur analyse sur le protocole PIEVC [3] et l’information climatique la plus à jour.
Même constat pour les ingénieurs travaillant sur le Metrolinx en Ontario, le plus grand réseau de transport au Canada qui sont sensibilisés au changement climatique: ils ont identifié des zones de chaleur extrême sur les lignes de métro et un risque accru de glace sur les plateformes de passagers étant donné l’augmentation des cycles gel-dégel.
Un sondage [4] mené auprès d’un groupe d’experts en transport routier (172 répondants) corrobore cette prise de conscience et révèle une forte demande pour les données climatiques fiables et précises. D’ailleurs, les données les plus prisées portent sur les précipitations moyennes en neige, les pluies et les températures moyennes (figure 2).
Figure 2. Importance relative des variables climatiques selon les experts du transport
Donneesclimatiques.ca : une collaboration entre experts et chercheurs pancanadiens
Le module Transport de Donneesclimatiques.ca, maintenant accessible en ligne, donne aux experts en transport accès à un ensemble de données historiques fiables et pertinentes pour ce secteur, ainsi que des projections climatiques jusqu’à l’année 2100. L’objectif : les guider à la prise de décisions informées.
En anticipant plus précisément les impacts futurs des changements climatiques, les professionnels du transport et d’autres secteurs seront à même de prendre les meilleures décisions afin de diminuer les risques pour la population.
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